LAM accueille Aminata Sow Ndiaye, doctorante à l’université Sidi Ben Abdellah de Fès, Maroc (du 01 mars au 30 avril 2024)

LAM accueille Aminata Sow Ndiaye, doctorante à l’université Sidi Ben Abdellah de Fès, Maroc (du 01 mars au 30 avril 2024)

Mme. Aminata Sow Ndiaye est doctorante en cotutelle à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal et à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès (Maroc).

Elle vient effectuer un séjour de recherche sur le sujet : « Le contentieux électoral territorial au Sénégal, un obstacle à la consolidation démocratique du système politique ».

Quel est le contexte de votre venue ?

Je suis venue pour consulter les fonds documentaires de LAM pour la rédaction de ma thèse. J’ai besoin d’étudier les bonnes pratiques en matière de processus électoral afin de mieux les insérer dans la thèse.

Etant en co-tutelle, je suis encadrée par le Pr Mohamed Fakihi à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, et Pr Boubacar Ba à Dakar. Mon professeur référent ici est Pr Allioune Badara Fall qui supervise mes travaux avec LAM.

Quel est votre parcours avant le doctorat ?

Quand j’étais enfant et adolescente, j’étais une brillante élève, souvent major de promotion, mais ma famille voulait me marier. J’ai lutté pour continuer mes études, mais mes parents ont beaucoup insisté et j’ai été obligée de céder.

J’ai ainsi été mariée 7 ans. Je n’étudiais pas, j’étais femme au foyer avec deux enfants. J’ai vécu beaucoup de violences, il fallait que je sorte de cette situation. Un jour je suis partie avec mes enfants. Grâce à la persévérance et à l’aide de quelques personnes de mon entourage, j’ai ensuite pu passer le Bac, et aller à l’université.

J’ai maintenant un Master professionnel en droit et administration des collectivités territoriales, obtenu en 2017 à l’université Cheik Anta Diop de Dakar. Mon mémoire de Master portait sur « le budget participatif dans les collectivités territoriales ».

J’ai aussi un Diplôme de Technicien Supérieur en marketing et action commerciale et auparavant un Brevet de Technicien en marketing et techniques des ventes.

Quelles principales questions traitez-vous actuellement ? Et comment pensez-vous y répondre ?

J’analyse tout d’abord le processus électoral du début à la fin, ce qui me permet de faire un état des lieux des contentieux (cause, responsabilité, choix, justifications).
Je veux aussi voir comment ces contentieux peuvent être évités. Je vais également étudier les systèmes politiques français et marocains dans le but de chercher des différences et des similitudes dans les contentieux.

D’où vient cet intérêt pour vos recherches ?

Pendant mes études, j’ai fait de la politique. J’ai ensuite été recrutée par le Conseil Régional de Dakar en 2012 et en 2013. Quand les régions ont été dissoutes, j’ai été rattachée à la ville de Dakar, comme agent administratif, puis chargée de relations extérieures et responsable des événements à la piscine olympique nationale de Dakar.
Finalement j’ai été détachée à la Gouvernance de Dakar (équivalent de la préfecture de région en France) en tant qu’attachée d’administration locale, et administrateur civil auxiliaire de la fonction publique locale.

Avec cet emploi, j’ai pu suivre l’élection locale de 2022. J’ai pu remarquer que dans tout le processus, il y a des contentieux. La source même de ces contentieux est un frein à l’évolution de la démocratie dans le système politique. Je veux donc démontrer comment le contentieux territorial est un obstacle à la consolidation démocratique. Et quelles contributions apporter à l’amélioration de cette situation. Car le contentieux est toujours source de crise.
Mon objectif est bien d’éviter les possibilités de crises et de faire en sorte que les lois soient respectées et que les populations puissent s’y référer.

Quelles sont vos motivations pour choisir LAM ?

Les activités et le fonds documentaire de LAM constituent ma motivation première. Je devais être présente lors du séminaire d’actualités du 15 février, mais pour des questions administratives, je n’ai pu assurer ma présentation ce jour-là.

LAM est un bon endroit pour faire mes recherches, valoriser et partager mes travaux !

L’élection présidentielle de 2024 au Sénégal vient de se terminer, que voulez-vous déclarer ?

Tout d’abord, je souhaite dire que le Sénégal vient de démontrer une fois de plus qu’il est une très grande démocratie. Les sénégalais aiment leur nation et ils sont tellement républicains que quelques soient les situations qu’ils vivent, ils se concentrent sur le processus électoral.

A chaque fois que le peuple sénégalais n’est pas satisfait, il le fait savoir.

Tout le monde a voulu donner des donner des leçons démocratiques au Sénégal mais ce pays a des institutions fortes, une démocratie stable. En ce jour, on voit les candidats et leurs partisans déçus, mais ils félicitent le gagnant.

Malgré tous les problèmes, les clivages, ils ont réussi à s’organiser et éviter les violences. Aujourd’hui est un jour historique. Ce qui est fondamental, c’est que la paix ait gagné.