LAM accueille Moussa NDIOR

LAM accueille Moussa NDIOR

Du 14 novembre au 02 décembre 2022, Moussa NDIOR est invité à LAM dans le cadre de ses recherches sur la participation politique en Afrique, les politiques publiques, la sociologie politique, l’histoire des idées politiques, le droit électoral et le règlement des conflits. Son séjour donnera lieu à la rédaction d’articles portant sur les thèmes suivants : « Aux sources autoritaires des conflits électoraux en Afrique » et « Les réformes constitutionnelles à l’aune des enjeux de succession au pouvoir : l’exemple de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal ».

Quelles principales questions traitez-vous actuellement ?

Actuellement je traite deux questions principales.

  • L’une est relative aux conflits électoraux en Afrique.

Je m’interroge sur les véritables causes et sources des conflits électoraux en Afrique. En effet, la violence électorale en Afrique est un phénomène récurrent et cyclique. S’agit-il d’une raison d’Etat, d’une violation de droits fondamentaux des citoyens (Droit de participation, droit de contester, de manifester…), de la soif de pouvoir (gouvernants comme opposants) ou encore d’une mauvaise gouvernance (gouvernance démocratique, gouvernance économique, gouvernance culturelle) ?

L’article en cours de rédaction est intitulé « Aux sources autoritaires des conflits électoraux en Afrique ». La démocratie électorale exige une compétition pacifique pour la conquête du pouvoir. Ainsi l’organisation d’élections réussies est perçue comme un signe de vitalité démocratique, alors que celle d’élections échouées caractérise une immaturité démocratique et débouche sur des conflits ou des blocages administratifs et institutionnels. C’est le cas dans plusieurs pays africains où les élections sont devenues des moments de cristallisation d’institutions démocratiques, des identités régionales, ethniques, religieuses ou citoyennes autour de questions relatives souvent à la répartition du pouvoir, à la question du mandat, à la longévité et à la légitimité des hommes au pouvoir, à l’ethnicité, à la nationalité des citoyens entre autres. Toutes ces questions soulevées en permanence dans plusieurs pays africains ne favorisent pas un climat paisible et propice pour des élections libres et transparentes. La généralisation des conflits électoraux en Afrique est communément analysée comme la conséquence d’une gouvernance autoritaire du processus électoral. D’un côté, le pouvoir use de l’autoritarisme dans la gestion du processus voulant imposer sa loi afin de se maintenir à la tête de l’Etat, de l’autre l’opposition suspectant le pouvoir de vouloir tricher occupe violemment la rue pour manifester son désaccord.


Cet article vise donc à mieux comprendre les variables explicatives des conflits électoraux en Afrique en focalisant l’analyse sur les enjeux du pouvoir, notamment les comportements des acteurs du pouvoir comme de l’opposition tout au long des processus électoraux à l’égard des institutions et des citoyens.

  • La seconde question est relative aux réformes constitutionnelles en Afrique.

Cet article est intitulé « Les réformes constitutionnelles à l’aune des enjeux de succession au pouvoir : l’exemple de la Guinée, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal ».

Je me questionne ici sur le sens et la portée des réformes constitutionnelles en Afrique, qui sont fréquentes. Cela nous pousse à nous interroger sur la motivation profonde de celles-ci. S’agit-il des soucis de revalorisation du fonctionnement des institutions ou d’adaptations des constitutions aux circonstances changeantes ?

Une réforme constitutionnelle est une modification de la constitution politique d’un Etat en vertu des règles prévues par la constitution. En Afrique, les réformes constitutionnelles sont très fréquentes, et leurs motivations, au lieu d’être centrées sur la stabilité, la paix, le développement et le renforcement de la démocratie ou des droits humains, la revalorisation des institutions, ont souvent pour objet de repréciser les règles de succession au pouvoir portant sur les limites d’âge, la limitation des mandats, la nationalité ou encore la résidence dans le pays au moins un an avant les élections. Elles sont souvent  crypto-personnelles, visant essentiellement à favoriser l’accession au pouvoir d’hommes politiques ou à exclure certains leaders de la succession ce qui explique que les constitutions ne sont pas durables. Ces réformes sont souvent le fait d’un président en exercice qui soit veut s’éterniser au pouvoir, soit veut installer un proche au pouvoir, soit encore veut exclure des opposants politiques à la succession.

Cet article interroge donc le sens et la portée des réformes constitutionnelles en Afrique, notamment sur les cas guinéen, ivoirien et sénégalais. Il a pour objet de démontrer leur caractère antidémocratique à travers des logiques de pérennisation du régime ou d’exclusion d’adversaires politiques, mais aussi par ce qu’elles déstabilisent les constitutions et empêchent la réalisation d’alternances démocratiques.

D’où vient cet intérêt pour vos recherches ?

En élaborant ma thèse sur les commissions électorales en Afrique, j’ai eu à soulever un certain nombre de questions intéressantes qui méritaient d’être exploitées. C’est ainsi que j’ai sélectionné une liste de thèmes sur lesquels je fais des recherches approfondies et tente d’apporter ma contribution aux réponses à des problèmes africains.

Quelles sont vos motivations pour choisir LAM?

D’abord, mes thèmes de recherche concernent l’Afrique et LAM étant un centre multidisciplinaire et comparatiste d’analyse du politique dans les Afriques, j’ai plus de chance de rencontrer des chercheurs avec qui je partage les mêmes thématiques.

C’est un laboratoire de référence dans le monde qui s’est illustré par ses membres et ses associés, mais surtout par les résultats de ses chercheurs. Par ailleurs, LAM étant un laboratoire de politique africaine, je peux facilement trouver la documentation dont j’ai besoin pour accélérer la rédaction de mes articles.