LAM accueille Samia Chabouni du 20/09/2022 au 19/11/2022

LAM accueille Samia Chabouni du 20/09/2022 au 19/11/2022

Samia Chabouni est actuellement invitée à LAM-Sciences Po Bordeaux dans le cadre du programme André Mandouze (2022).

Le projet qu’elle mène à LAM s’effectue au sein de l’Axe 1 du laboratoire « Etat, régulations et contestations dans les Afriques », plus spécifiquement, ses travaux portent sur la question des archives en France et les relations avec l’Algérie et le Rwanda. 

Docteure en science politique et relations internationales (Université d’Alger III-/Co-direction à LAM-IEP-Bordeaux), elle est maîtresse de conférences HDR en sciences politiques, à la Faculté de Droit et des Sciences Politiques, à l’Université de Jijel (Algérie). Elle est également membre chercheure au sein du réseau de Thinking Africa et chercheure associée à ACSUS (African centre for the study of the United States) de l’université de Witwatersrand en Afrique du Sud.

Son intervention lors de l’atelier du 09 novembre à 16h traitera des « stratégies diplomatiques africaines : Les cas du Maroc et du Rwanda ». En savoir plus sur l’atelier : https://www.lam.sciencespobordeaux.fr/evenement/atelier-axe-1-strategies-diplomatiques-africaines-les-cas-du-maroc-et-du-rwanda/

Quelles principales questions traitez-vous actuellement sur l’Algérie et le Rwanda ?

Je travaille actuellement sur la question des archives en France et les relations avec l’Algérie et le Rwanda. Ce projet s’articule dans le contexte des rapports problématiques entre la France et les pays africains du fait d’un passé pesant et difficile. Notre étude s’intéresse aux archives dites « sensibles » qui concernent les rapports établis entre la France et certains pays africains, et à l’impact de leur gestion sur la manière d’écrire l’histoire d’une part et sur la dynamique des relations bilatérales d’autre part. Il s’agit donc d’une étude comparative sur deux contextes différents (guerre d’Algérie et génocide) et qui ont également beaucoup de ressemblances.

Il est donc question de traiter et analyser la gestion des archives en France et son impact sur les relations que ce pays entretient avec une de ses ex-colonies, qu’est l’Algérie, et aussi le Rwanda qui était sous son influence après son indépendance. Ses liens avec l’Algérie sont à la fois forts et complexes. Concernant le Rwanda, la France avait à une certaine époque des relations assez étroites et une grande influence dans la région jusqu’à ce qu’elles se dégradent suite au génocide des Tutsis. Tout cela vise à comprendre certaines positions politiques et réactions, et plus globalement l’orientation des relations bilatérales et l’impact des rapports Stora et Duclert sur le développement des relations bilatérales sous la politique macronienne.

Bien évidemment, d’un point de vue des politiques mémorielles et des relations internationales. Ceci exige une recherche dans les fonds des archives en France et des interviews avec des historiens et chercheurs travaillant sur ces problématiques et impliqués dans l’élaboration de ces rapports.

Ces recherches vont-elles mener à une publication ? ou autres ?

Dans un premier temps, je présenterai les résultats de ma recherche dans les journées d’études d’André Mandouze organisées par l’ambassade de France à Alger, qui entrent bien évidement dans le programme André Mandouze du gouvernement français et dont je suis lauréate, ce programme consiste à offrir des bourses aux chercheurs algériens travaillant sur les questions mémorielles, il s’agit de l’une des recommandations du rapport Stora publié le 21 janvier 2021.

Je prévois par la suite de publier un article sur cette thématique, je réfléchis encore sur cette possibilité, soit dans une revue ou dans un livre collectif. Sinon, je compte organiser une journée d’études ou un séminaire en Algérie (à Jijel) portant sur les politiques mémorielles et les relations internationales et continuer d’aborder ces problématiques.

D’où vient cet intérêt pour vos recherches ?

Je travaille sur le Rwanda depuis des années. Ma thèse de doctorat portait sur la politique étrangère du Rwanda et les rapports du Rwanda au niveau régional et international, donc j’avais déjà traité les relations entre le Rwanda et la France. En plus, dans le cadre théorique utilisé dans ma thèse, j’ai puisé dans la sociologie politique des relations internationales où je me suis basée sur l’usage politique de la mémoire et des émotions en politique étrangère, donc tout ce qui est en rapport avec la mémoire et les politiques mémorielles m’intéresse et entre dans mes thématiques de recherche.

Je rajoute qu’en tant qu’algérienne, tout ce qui concerne l’Algérie m’intéresse surtout depuis la fin de la thèse. Le pays a une histoire complexe avec la France. Ancien département français, l’Algérie est l’ancienne colonie française qui a subi la plus longue période de colonialisme français, avec 130 ans de présence, et a connu une guerre de libération sanglante et si importante. L’Algérie constitue à mon sens une étude de cas intéressante et particulière aux études mémorielles et même un terrain de recherche théorique et documentaire assez riche.

Quelles sont vos motivations pour choisir LAM ?

J’ai été accueillie plusieurs fois à LAM, la plus longue période était dans le cadre de ma recherche doctorale (de 2014 à 2016) ; cette dernière m’a permis de m’intégrer davantage dans le laboratoire et de m’y attacher encore plus. Je me suis familiarisé avec ses membres et établis des relations professionnelles et humaines. J’ai pu donc notamment coorganiser une journée d’étude sur la région des Grands Lacs, et donner des cours pour les étudiants de Master.

En sachant que j’ai fait ma thèse sous la co-direction de René Otayek. C’est dans cette même période que j’ai réussi à finaliser ma thèse et à publier des articles.
En plus et grâce à mon séjour scientifique à LAM, j’ai effectué mon terrain au Rwanda sous l’égide de l’IFRA-Nairobi, qui est un partenaire du laboratoire.

Tout cela motive mon choix pour LAM, sans oublier la ville de Bordeaux dont je suis amoureuse depuis de longues années et qui continue de m’apporter confort et inspiration.