Quentin CHAPUS rejoint LAM dès la rentrée 2022

Quentin CHAPUS rejoint LAM dès la rentrée 2022

Maître de Conférence section CNU 05 « Economie & Socio-économie du développement », Quentin CHAPUS donne des cours aux élèves de Sciences Po Bordeaux depuis la rentrée 2022.

Quel est votre parcours ?

J’ai été formé à l’économie à l’université de Grenoble (Pierre Mendès-France, à l’époque), où je me suis assez vite dirigé vers les enjeux de développement en choisissant le master recherche GODI (Gouvernance des organisations pour le développement international), dirigé par P. Berthaud.

J’ai complété cette formation par un master plus orienté sur les méthodes statistiques à l’IEDES-Paris 1 (Institut d’études du développement de la Sorbonne), établissement dans lequel j’ai également pu approfondir mes connaissances sur les pays africains et en particulier du Maghreb.

La rencontre avec C. Nordman (économiste, DR à l’IRD) sera déterminante dans mon parcours, puisque ses enseignements à l’IEDES me donneront envie de réaliser un stage de recherche dans son laboratoire (DIAL – IRD/Dauphine) et de construire sous sa direction un projet de thèse sur l’entrepreneuriat au Maroc.
Après quelques rebondissements, ma thèse portant sur le thème : « L’émergence des « startuppers » au Maroc : institutions, trajectoires, réseaux sociaux » sera financée par un contrat doctoral universitaire au CNAM, sous la codirection de M. Madoui, sociologue de l’entrepreneuriat, qui décèdera malheureusement rapidement après le début de ma thèse (remplacé par C. Azaïs, LISE – CNAM/CNRS).

Quelles sont vos expériences en tant qu’enseignant ?

En ce qui concerne l’enseignement, j’ai été dès le début de la thèse moniteur en sociologie au CNAM, ce qui a fortement contribué à ma formation en tant qu’enseignant, mais aussi à ouvrir mes perspectives de recherche en tant qu’économiste.
J’ai ensuite rejoint l’IEDES-Paris 1 en qualité d’ATER (attaché temporaire d’enseignement et de recherche) où j’ai assuré des cours et TD en économie du développement, méthodes quantitatives et qualitatives, économie sociale et solidaire ou encore développement local, tout en poursuivant mes recherches sur l’entrepreneuriat.
L’année dernière, en parallèle d’enseignements données à l’université Paris 1 et Toulouse II, j’ai été post-doctorant à l’INRAE Occitanie et à l’ENSAT (école d’ingénieurs agronomes de Toulouse), sur le projet ANR PADAC qui traite du développement des plateformes numériques dans le secteur agricole.

Sur quelles thématiques portent généralement vos recherches ?

La thématique centrale de mes recherches est l’entrepreneuriat – ou dit autrement la création d’entreprises, pouvant prendre des formes variées – que j’appréhende à plusieurs échelles.
D’abord à l’échelle des trajectoires individuelles, puisque je m’intéresse à qui sont les entrepreneur.e.s, à leurs rationalités et à leurs pratiques. Ensuite à l’échelle plus mésosociale, puisque je conçois, dans la lignée des travaux de M. Granovetter, la création d’entreprise comme un acte socialement encastré, auquel participent des acteurs humains mais aussi non humains, plus ou moins nombreux et invisibilisés selon les contextes, invisibilisation qui remplit des fonctions diverses.
Enfin à l’échelle plus macro, je m’intéresse à la manière dont l’entrepreneuriat est devenu un projet politique dans de nombreux pays africains – mais pas uniquement – et comment se déploient discours et dispositifs visant à en faire la promotion. Ces trois échelles sont intimement liées et leur articulation est à mon sens essentielle pour s’emparer d’un objet mouvant, qui renvoie à des représentations multiples.

Quelles principales questions traitez-vous actuellement ?

Un des aspects que je traite actuellement, à partir des terrains que j’ai réalisés au Maroc ces dernières années, mais également plus récemment dans le secteur agricole français, est le rôle que jouent des structures intermédiaires (à l’interface des entrepreneur.e.s et des bailleurs de fonds) comme les incubateurs d’entreprises dans la normalisation des manières de faire et de voir la création d’entreprise à travers le monde.
Dans le contexte marocain, j’analyse notamment avec ma collègue S. Hanif de l’ENCG d’El Jadida comment les incubateurs d’entreprises d’inspiration américaine ont construit leur légitimité dans le champ national et sur ce que leur développement implique sur la manière d’entreprendre. Un autre aspect que je traite actuellement est celui du choix des statuts et des formes juridiques chez les créateurs et créatrices d’entreprise, souvent un peu vite renvoyée à la question de l’efficacité par l’économie classique des coûts de transaction.

D’où vient cet intérêt pour vos recherches ?

Cette question renvoie forcément à des choses un peu personnelles. En mettant de côté quelques secondes la casquette de chercheur, je serais tenté de dire qu’il y a toujours eu au fond de moi une envie d’entreprendre, créant une forme de fascination pour l’objet. C’est sans doute ça qui a contribué à orienter mes recherches, ou, en tout cas, qui a fait que j’ai eu autant d’intérêt à les mener.
Mes premières enquêtes de terrain au Maroc m’ont aussi permis de me rendre compte que cette « fascination », ou ce discours vocationnel auquel j’aurais pu adhérer volontiers jadis, était on ne peut plus banal chez les créateurs/créatrices d’entreprises que je rencontrais (les entreprises « innovantes » ou « start-up »), et qu’il était même un des traits constitutifs de cette population fortement sélectionnée.
Dissocier ce qui relèverait d’un côté de ce que Chauvin, Grossetti et Zalio appellent « l’activité entrepreneuriale » (la nécessité de projection, l’incertitude sur la finalité, la mobilisation de ressources, etc.) et de l’autre de l’entrepreneuriat en tant que construction sociale et politique devenait alors pour moi un programme de recherche intéressant.

Quelles sont vos motivations pour choisir LAM?

Mes motivations sont multiples, mais voici les principales : LAM est d’abord un laboratoire réellement pluridisciplinaire, ce qui constitue à mes yeux un environnement nécessaire à mon épanouissement intellectuel. La connaissance partagée sur le continent africain au sein du laboratoire et la présence de plusieurs personnes fines connaisseuses du Maroc et du Maghreb ouvre la perspective à des échanges féconds.
Je peux ajouter aussi à ces motivations la possibilité de rejoindre des projets stimulants, avec des chercheurs/chercheuses dont les travaux m’ont particulièrement nourri tout au long de ma formation à la recherche.
Enfin, j’ai pu constater que l’ambiance était agréable, ce qui est aussi pour moi un élément essentiel. J’entends contribuer du mieux que je peux à la vie du laboratoire, tant sur le plan intellectuel que social.